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samedi 4 juillet 2020

Couillonavirus : psychose collective ou guerre psychologique façon bol de riz ?

Venons-nous de vivre une expérience médicale ou une simulation médicale mondiale ? Un délire collectif ou une guerre psychologique ? Un coup financier mondial ? Le braquage du siècle ? Plusieurs pistes de réflexions dans cette vidéo. Car les chiffres semblent confirmer ce que des Raoult et Silvano Trotta disent depuis le début : pas plus grave qu'une grippe. Moi je me pose la question de savoir comment on va faire maintenant. Chaque année on va tout bloquer car la grippe arrive ? Les gens ne savent pas ce qu'est d'avoir un grippe, une vraie. La grippe c'est terrible j'ai dû en avoir 3 ou 4 dans ma vie dont une très jeune. Une grippe c'est fulgurant une fièvre de fou. On peut en claquer. Les gens confondent la grippe et le rhume. Bronchite, grippe, pneumonie c'est très grave. J'en ai eu beaucoup quand je fumais comme un pompier. Donc pas la peine d'invoquer des symptômes graves : il y a des morts chaque année de cette saloperie de grippe. On n'arrête pas le monde à chaque fois. Pas assez d'expérience de la vie ces décideurs. Cela dit je me réjouis de savoir que les gens en hiver vont faire attention aux autres quand ils seront malades. Une année j'ai chopé la grippe d'une nana à la caisse d'un supermarché pendant la période des fêtes. Fulgurant le soir même ou le lendemain des frissons la fièvre et au lit pendant plusieurs jours. Elle ne pouvait pas s'absenter du boulot alors que malade comme un chien. Une autre fois un mec qui installait les téléphones dans un boîte !! véridique ! le mec balade cobbe un fien ! et boom la fièvre le soir même, des frissons : fulgurant. C'est ca la grippe... Violent. On en claque facilement si on n'est pas solide. Une bronchite pour un fumeur c'est minimum 1 mois à cracher ses poumons. Pneumonie je connais pas mais il parait que c'est encore pire... Et ca c'est tous les ans. Et on psychote pas comme ça.
Thierry Gourvénec a fait sa thèse de psychiatrie sur les bouffées délirantes. Il a étudié à ce titre la propagation de rumeurs délirantes, en particulier celle d’Orléans qui voulait que des femmes disparaissent et soient livrées à des réseaux de prostitution, après avoir visité des commerçants de la ville. Il a noté que la propagation de cette rumeur est intervenue au moment où De Gaulle allait quitter le pouvoir et laisser la France orpheline de son ange tutélaire. "La rumeur d’Orléans éclot en 1969 après que De Gaulle ait perdu son référendum et quitté le pouvoir. C’est une angoisse majeure, oedipienne… La mort politique du Grand Charles est un peu comme la mort du père…"

Il s’appuie sur ce type de phénomène de croyance collective pour inscrire l’histoire du coronavirus dans la longue litanie des épidémies, dont très peu au final se révèlent réellement meurtrières à grande échelle.

On a nettement exagéré la portée et la violence de l’épidémie de Covid et nous nous sommes collectivement enfoncés dans une sorte de bouffée délirante collective (et médiatique) dès l’origine de l’épidémie sans pouvoir faire machine arrière : telle pourrait être résumée son hypothèse. "Les gens individuellement ne sont pas fous, c’est la communication collective qui est délirante" explique-t-il avant de faire un lien entre le contexte politique angoissant, la peur archaïque de toute épidémie, instrumentalisée ou pas, et la naissance d’un délire collectif.

Denis Robert remonte avec lui le cours des histoires des délires collectifs: des sorcières brûlées au Moyen Age à la grippe aviaire (qui n’aurait fait qu’une seule victime humaine) en passant par épidémie allemande d'Escherichia Coli de 2011 dont la souche d'origine aurait été liée à l’ingestion de concombres bio originaires d’Espagne.

Il note que la rumeur qui s’avèrera fausse est lancée quelques jours après Fukushima et que l’épidémie, dont tout le monde parle, fera une cinquantaine de victimes, pour qui la suspicion de recto-colites dues à du césium japonais ne peut être écartée: La très questionnante saga de l'Escherichia Coli Entéro-Hémorragique - AgoraVox le média citoyen ). "Chaque épidémie gérée de manière inconséquente est le fruit d’une peur panique et politique" conclut-il. La conversation roule et fait réfléchir. De la confrontation entre le raisonnement du psychiatre et le scepticisme affiché par son intervieweur nait une mise en abime qui brise certaines idées reçues et nous donnent à penser. C’est un des mérites de cette conversation pas si savante que ça, toujours sur un fil. "Et si l’épidémie que nous venons de vivre fonctionnait d’abord sur la transmission d’une peur ?" Bonne question…

Entretien réalisé le dimanche 14 juin


vendredi 23 mars 2012

Tous drogués

Faut pas s'étonner du merdier global quand on constate que c'est la drogue qui permet au monde de tourner. Moi je le constate autour de moi. Ca se shoote partout. Les gens ne se plaignent pas car on les laisse se défoncer la gueule. Ca les rend plus docile en fait.

mardi 20 mars 2012

Drogues et mystique

Il semble bien que les enseignements à l'origine des textes vediques étaient transmis par des "voyants" qui absorbaient un breuvage hallucinogène. On retrouve ce cas un peu partout dans le monde. Les drogues servent à acceder à la connnaissance et non a s'amuser le vendredi soir ;).

L'ascèse et l'extase
Le rituel et les spéculations développées à partir de lui n'épuisent pas le contenu de la religiosité védique. Divers indices suggèrent que certains au moins, parmi les auteurs des hymnes, méritaient vraiment leur nom de rishis, en ce que la dimension extatique ou visionnaire de l'expérience ne leur était pas inconnue.

On sait notamment qu'une bonne partie du rituel s'ordonnait autour de la cueillette, du pressurage et de la consommation rituelle d'une plante appelée soma.

Bien que cette plante n'ait toujours pas été identifiée avec certitude — une hypothèse récente (G. Wasson) voudrait y voir une variété de champignon hallucinogène —, il est hors de doute que son inges­tion déclenchait quelque chose de l'ordre des « états modifiés de conscience ».


De nombreux hymnes désignent clairement ses effets, ainsi par exemple X, 119 : « Tels des vents impétueux, les breuvages m'ont soulevé... j'ai dominé le ciel de ma taille, dominé la vaste terre; n'ai-je donc pas bu de soma ? » D'autre part, la présence d'ascètes (muni) aux côtés des officiants brahmaniques paraît avérée.

Un hymne (X, 136, 2) les évoque en ces termes : « Ceinturés de vent, les ascètes sont vêtus de brunes souillures. Ils suivent la fougue des vents dès que les dieux sont entrés en eux. » Les prêtres eux-mêmes sont couramment désignés par le terme vipra, « trembleur », ce qui paraît faire référence à des états extatiques atteints dans le cadre même de la liturgie.

On trouve aussi (par exemple Atharva-Veda XV, 15-17) diverses allusions à des exercices de rétention du souffle, ancêtres probables des pratiques yoguiques proprement dites. En particulier, il est très souvent question dans ce contexte du tapas ou « échauffement intérieur », décrit comme un soudain afflux d'inspiration ou d'énergie créatrice survenant à la suite de pratiques déterminées.

C'est grâce au tapas que les guerriers, par exemple, triomphent de leurs ennemis, grâce à lui également que les poètes et les ascètes s'élèvent momentanément au-dessus de la condition humaine ordinaire et entrent en contact avec les dieux. La notion joue d'ailleurs un rôle non négligeable dans la cosmogonie elle-même. C'est en « s'échauffant » de cette manière que Prajâpati peut rassembler l'énergie nécessaire pour déployer le monde des « noms et formes » à partir du chaos originel.

Michel Hulin

mardi 19 juillet 2011

Le molécules du plaisir


On peut quand même remarquer que si on boit un coup, on fume un pétard, on fait l'amour, on est orgueilleux de sa notoriété ou de sa réussite.... ou au contraire on déprime, on voit tout en noir, on veut se suicider, honteux, à chier, etc c'est toujours une expérience.

Le + évident il me semble c'est avec les drogues : l'alcool qui est la drogue du peuple par excellence met en évidence que la vision du monde est relative aux produits que nous absorbons.

L'alcool est vraiment la preuve qu'aucune de nos perceptions n'est authentique. En boostant notre bonheur artificiellement l'alcool démontre que nous sommes le jouet des molécules.

Je subodore que les drogués sont des gens qui veulent expérimenter la futilité de la joie et du désespoir en vitesse accélérée. Des êtres en quête d'absolu.

Car en réalité qui n'a pas vécu les affres de la drogue ne peut vraiment réaliser dans ses trippes la volatilité des humeurs.

Il faut un révélateur. Les drogues en boostant les molécules du plaisir dans le cerveau engendrent un "down" et une "descente" systématiques.

Si bien que le drogué est très accoutumé à la notion de relativité de la notion de plaisir ou de douleur.

Ultimement nous sommes dopé à ces molécules du plaisir naturellement. Ce sont elles qui nous rendent amoureux. Elles qui nous font manger, boire, dormir.

Nous sommes dirigés par les molécules du plaisir.

J'ai eu la grande chance de vivre, à la suite d'une intoxication alimentaire, une perte de goût qui a duré une ou deux semaines. Ce qui m'a permis de mettre le doigt sur le fait que manger, se nourrir est dicté par le plaisir de manger. Lorsque j'ai perdu totalement le goût je devais me forcer à manger ne sachant pas combien de temps cela allait durer. Concrètement je me disais : bon là je vais absorber quelque chose pour mon corps sans aucun plaisir.

De même j'ai eu l'occasion de vivre deux expérience extrêmes. Dans l'une d'elle, un accident j'ai eu accès réellement à la plénitude. Lors d'un accident de Mob. Le sentiment est indescriptible. Il s'agit encore probablement des molécules. Une réaction naturelle en cas de mort. Ce qui me permet de promettre que notre mort sera félicité. Grâce aux petites molécules.

J'ai aussi vécu une décorporation. Je me suis vu de deux mètres de haut. J'étais (donc qui ???) dans une impassibilité et une dépersonnalisation incroyable. Encore les molécules je suppose.

Mais nous reviendrons sur ces deux expériences car elles méritent que je les raconte en détail. L'ego n'a rien a voir là dedans mais j'aimerais vraiment diffuser ce que j'ai vécu. Et je suis très preneur de témoignages de ce type.

dimanche 27 mars 2011

Les drogues psychédéliques



Et l'expérience mystique

On décrit souvent en termes religieux les expériences qui procèdent de l'emploi des drogues psychédéliques. Elles présentent donc de l'intérêt pour ceux qui, comme moi, se préoccupent, à l'instar de William James, de la psychologie de la religion.

Depuis plus de trente ans j'étudie les causes, les conséquences et les circonstances de ces états de conscience particuliers où l'individu se perçoit comme formant une seule entité avec dieu, avec l'univers, avec la Base du Monde, ou tout autre nom que son conditionnement culturel ou sa préférence personnelle l'aura amené à choisir, pour désigner la réalité fondamentale et éternelle. Pour de telles expériences nous ne possédons aucun nom adéquat et définitif.

Les termes "expériences religieuses", "expériences mystiques", "conscience cosmique", sont tous trop vagues et trop compréhensifs pour désigner ce mode de conscience distinctif qui, pour ceux qui l'ont vécu, est aussi réel, aussi bouleversant que la rencontre avec l'amour.

Dans cet article je cherche à décrire de tels états de conscience lorsqu'ils sont provoqués par des drogues psychédéliques, encore qu'il soit quasiment impossible de les différencier des expériences mystiques authentiques. La discussion porte ensuite sur les objections qui ont été formulées contre l'emploi des drogues psychédéliques, et qui ont leur origine dans l'antagonisme qui existe entre les valeurs mystiques et les valeurs traditionnelles, religieuses et laïques, de la société occidentale.

Dans les sociétés occidentales on n'accepte pas sans difficulté l'idée d'expérience mystique procédant de l'emploi de drogues. Historiquement, la culture occidentale a toujours été attirée par la valeur et la vertu de l'homme en tant que "moi" individuel, responsable, possédant son libre arbitre, capable de se maîtriser lui-même et de contrôler son milieu, grâce au pouvoir de l'effort et de la volonté exercés consciemment. Rien donc ne pourrait paraître plus haïssable à cette tradition culturelle que le concept de développement spirituel ou psychologique par le truchement des drogues.

Par définition, une personne "droguée" a la conscience obnubilée, le jugement brouillé, la volonté sapée. Mais il se trouve que les drogues psychotropiques (qui modifient la conscience) ne sont pas toutes narcotiques ou soporifiques, comme le sont l'alcool, les opiacés et les barbituriques. Les effets de ce que nous appelons à présent les drogues psychédéliques (révélatrices de l'esprit) sont différents de ceux de l'alcool, tout comme rire est différent de la colère et la joie différente de la dépression. Il n'y a en fait aucune comparaison entre "planer" au LSD et "être ivre" au whisky.

Il ne faut pas conduire une automobile dans l'un ou l'autre de ces états, c'est vrai, mais il ne faut pas non plus le faire en lisant un livre, en jouant du violon, ou en faisant l'amour. Il existe des activités et des états d'esprit qui exigent une application, une abnégation, tout à fait incompatibles avec la conduite d'un engin meurtrier sur une grande route.

J'ai moi-même expérimenté cinq des principales drogues psychédéliques : le LSD-25, la mescaline, la psilocybine, la diméthyl-tryptamine (DMT), et le cannabis. Je l'ai fait, tout comme William James avait essayé le protoxyde d'azote, afin de voir si elles pouvaient m'aider à identifier ce que l'on pourrait appeler les composants "essentiels" ou "effectifs" de l'expérience mystique. Car la quasi-totalité de la littérature classique qui traite du mysticisme est imprécise, non seulement dans la description de l'expérience elle-même, mais aussi dans la démonstration d'une corrélation rationnelle entre l'expérience et les diverses méthodes traditionnelles conseillées pour la provoquer (le jeûne, la concentration, les exercices respiratoires, la prière, les incantations et les danses).

Un maître traditionnel Zen ou du Yoga, lorsqu'on lui demande pourquoi certaines pratiques mènent ou prédisposent à l'expérience mystique, répond invariablement "c'est ainsi que mon maître me l'a appris. C'est ainsi que je l'ai découvert. Si cela vous intéresse vraiment, faites en vous même l'essai". Cette réponse est loin de satisfaire un Occidental indiscret, à l'esprit scientifique et à l'intelligence pleine de curiosité. Elle lui rappelle ces ordonnances médicales archaïques où l'on combinait cinq salamandres, de la corde de pendu pulvérisée, trois chauves-souris bouillies, un scrupule de phosphore, trois pincées de jusquiame, une louche de dragon déposée lorsque la Lune se trouvait sous le signe des Poissons. Ça marchait peut être, mais quel en était l'ingrédient principal ?

L'idée m'est alors venue que, si certaines des drogues psychédéliques pouvaient en fait prédisposer ma conscience à l'expérience mystique, je pourrais les utiliser comme instruments pour faciliter l'étude et la description de cette expérience, tout comme on se sert d'un microscope en bactériologie, même si celui-ci n'est qu'un appareil "artificiel" et "contre nature" dont on pourrait dire qu'il "altère" la vision à l'œil nu.

Cependant, lorsque j'ai été invité pour la première fois à mettre à l'épreuve les attributs mystiques du LSD-25, par le docteur Keith Ditman de la clinique neuro-psychiatrique de l'Ecole de médecine de l'université de Californie à Los Angeles, je n'étais guère disposé à croire qu'un vulgaire produit chimique puisse provoquer une expérience authentique. Tout au plus en attendais-je un degré d'intuition métaphysique, analogue à ce que serait la nage à l'aide de vessies pneumatiques. A la vérité, ma première expérience avec du LSD-25 n'a rien eu de mystique. Ce fut une expérience esthétique et intellectuelle passionnante, qui était comme une gageure, exigeant le maximum de mes facultés analytiques et descriptives.

Quelques mois plus tard, en 1959, j'ai fait un autre essai de LSD-25, avec les docteurs Sterling Bunnel et Michael Agron, qui étaient alors attachés à la clinique Langley-Porter de San Francisco. Au cours des deux essais j'ai été étonné et quelque peu déconcerté de me voir passer par des états de conscience qui correspondaient à toutes les descriptions d'expériences mystiques que j'avais jamais lues(1). De plus ils étaient plus profonds et singulièrement plus inattendus que les trois expériences "naturelles et spontanées" que j'avais déjà vécues au cours des années précédentes.

A la suite d'expériences ultérieures avec le LSD-25 et les autres drogues mentionnées plus haut (à l'exception du DMT, que je trouve amusant, mais relativement peu intéressant), j'ai découvert que je pouvais passer avec facilité en état de "conscience cosmique", et le moment est arrivé où j'avais de moins en moins besoin des drogues elles-mêmes pour "m'accorder" sur cette "longueur d'onde" spécifique d'expérience.

Des cinq drogues psychédéliques essayées, j'ai trouvé que le LSD-25 et le cannabis seyaient le mieux à mon dessein. De ces deux, la dernière, qu'il m'a fallu utiliser à l'étranger dans des pays où elle n'est pas mise hors la loi, s'est montrée la meilleure. Le cannabis ne provoque aucune modification insolite de la perception sensorielle, et la recherche médicale semble indiquer qu'il n'aurait pas, à moins de grand excès, les effets secondaires dangereux du LSD, comme par exemple les épisodes psychotiques.

Dans le cadre de cette étude , lorsque je décris mon expérience avec les drogues psychédéliques, j'évite d'inclure les modifications insolites et accessoires de la perception sensorielle que peuvent parfois provoquer les produits chimiques psychédéliques. Je me préoccupe plutôt des modifications fondamentales de la conscience normale, socialement engendrée, que l'on a de son existence personnelle propre et de sa relation avec le monde extérieur. J'essaie de décrire les principes fondamentaux de la conscience psychédélique. Mais il faut ajouter que je ne peux parler qu'en mon nom propre. La qualité de ces expériences dépend beaucoup de ce qu'étaient antérieurement l'orientation et l'attitude du sujet envers la vie. Cependant, la littérature descriptive, à présent volumineuse, qui décrit ces expériences, est en remarquable accord avec les miennes.

Mon expérimentation avec les drogues psychédéliques a fait ressortir presque toujours quatre caractéristiques dominantes. Je vais essayer de les décrire et je m'attends que le lecteur dise, au moins de la deuxième et de la troisième, "mais c'est l'évidence même et point n'est besoin de se droguer pour découvrir cela". C'est vrai, mais chaque révélation se fait à plusieurs niveaux d'intensité. Il peut y avoir évident et évident et ce dernier survient avec une clarté fracassante, démontrant ses implications dans tous les domaines et toutes les dimensions de notre existence

- La première de ces caractéristiques -

La première de ces caractéristiques est un ralentissement de l'écoulement du temps, une concentration sur le temps présent. On voit diminuer en soi l'habituelle et compulsive préoccupation de l'avenir, et l'on prend conscience de l'importance et de l'intérêt énormes de ce qui se passe à l'instant même.

Les autres, qui vaquent dans la rue à leurs affaires, paraissent un peu fous, ne s'apercevant pas que l'unique but de la vie est d'en avoir entièrement conscience, au fur et à mesure qu'elle s'écoule. On se laisse donc aller, presque voluptueusement, à étudier les couleurs dans un verre d'eau, ou à écouter vibration, éloquente comme jamais auparavant, de chaque note jouée sur un hautbois ou chantée par une voix.

Du point de vue pragmatique de notre culture, cette attitude est très mauvaise pour les affaiies. Cela pourrait mener à l'insouciance, à l'imprévoyance, à la réduction des ventes de polices d'assurance, et aux abandons de livrets de caisse d'épargne. Et pourtant, n'est-ce pas cela le correctif dont notre culture a besoin ?

Personne n'est plus sottement dénué de sens pratique que le cadre qui fait une «belle» carrière et passe sa vie entière plongé dans une paperasserie dingue, dans le but de prendre une retraite confortable à soixante-cinq ans, c'est-à-dire quand il sera bien trop tard.

Seuls ceux qui ont acquis l'art de savoir profiter du moment présent ont intérêt à faire des projets d'avenir, car lorsque ceux-ci se réaliseront ils sauront en jouir. Demain est «à venir». Je n'ai jamais encore entendu un prédicateur exhorter ses ouailles à mettre en pratique cette partie du Sermon sur la Montagne qui débute par «Ne vous inquiétez pas du lendemain...»

La vérité, c'est que ceux qui vivent pour le futur ont, comme on dit des aliénés, «quelque chose qui leur manque» : trop d'impatience leur fait sans cesse tout manquer.

- La seconde de ces caractéristiques -

J'appellerai la seconde caractéristique le sens de la polarité. C'est la prise de conscience lumineuse de ce que les états, les choses et les événements qui d'ordinaire nous paraissent opposés sont en vérité interdépendants, comme l'avant et l'arrière, ou les pôles d'un aimant.

Grâce à ce sens de la polarité on perçoit les choses qui sont explicitement différentes comme étant implicitement unies : soi-même et l'autre, le sujet et l'objet, la gauche et la droite, le mâle et la femelle - et ensuite, ce qui surprend davantage, le solide et l'espace, la figure et l'arrière-plan, l'impulsion et l'intervalle, les saints et les pécheurs, la police et les criminels, les initiés et les profanes.

Chacun n'est définissable qu'en termes de l'autre, ils vont ensemble du fait de leurs échanges réciproques, tout comme l'achat et la vente, puis qu'il ne peut y avoir de vente sans achat, ni d'acquéreur sans vendeur. Au fur et à mesure que cette perception s'intensifie, vous vous sentez vous-même comme l'un des pôles de l'univers extérieur, de telle manière que chacun implique l'existence de l'autre.

Si vous poussez, il tire, et s'il tire vous poussez - comme lorsque vous manoeuvrez le volant d'une voiture. Vous le poussez, ou vous le tirez ?

Au début, c'est une sensation tout à fait curieuse, un peu comme lorsque vous entendez votre propre voix reproduite par un système électronique, dès que vous avez cessé de parler. Vous en êtes déconcerté, vous attendez que ça continue à parler !

De même, vous avez l'impression d'être quelque chose que fait l'univers, et pourtant, réciproquement, que l'univers est quelque chose que vous faites - ce qui est exact, au moins au sens neurologique, dans la mesure où la structure particulière de notre cerveau traduit le soleil en lumière, et les vibrations de l'air en sons. Notre impression normale de la relation
avec le monde extérieur est que parfois nous le poussons et que parfois c'est lui qui nous pousse.

Mais si en fait les deux choses n'en font qu'une, alors où commence l'acte et qui en a la responsabilité ? Si l'univers me fait, comment puis-je avoir l'assurance que d'ici deux secondes je me souviendrai encore de ma langue maternelle ? Si c'est moi qui le fais, comment puis-je être certain que d'ici deux secondes mon cerveau saura transformer le soleil en lumière ? C'est à partir de telles impressions inhabituelles que l'expérience psychédélique peut engendrer le trouble, la paranoïa, et la frayeur - même si l'individu est en train de ressentir sa relation avec le monde exactement telle qu'elle serait décrite par un biologiste, un écologiste ou un physicien, puisqu'il se ressent comme la communauté de l'organisme et du milieu.

- La troisième de ces caractéristiques -

La troisième caractéristique, qui procède de la seconde, est le sens de la relativité. Je m'aperçois que je suis un anneau dans la chaîne que forme une hiérarchie infinie de processus et d'êtres, allant des molécules aux êtres humains, en passant par les bactéries et les insectes et s'étendant - pourquoi pas? - aux anges et aux dieux : hiérarchie dans laquelle chaque niveau se révèle être la même situation.

Par exemple, le pauvre a des soucis d'argent, tandis que le riche a des soucis de santé : l'inquiétude est la même, mais la différence est dans sa substance et sa dimension. Je me rends compte que les drosophiles se conçoivent comme des personnes, puisque, tout comme nous-mêmes, elles se trouvent au centre de leur propre monde avec des choses incommensurablement plus grandes au-dessus et plus petites au-dessous.

Elles nous apparaissent comme toutes identiques et sans individualité - tout comme les Chinois, lorsqu'on n'a jamais vécu parmi eux. Et pourtant, les drosophiles doivent percevoir entre elles autant de différences subtiles que nous en trouvons nous-mêmes chez nos semblables. A partir de cette notion, un pas à peine reste à franchir pour que l'on s'aperçoive que toutes les formes de la vie et de l'être ne sont que de simples variations sur un même thème : en fait, nous ne sommes tous qu'un être unique n'accomplissant qu'une même chose, mais du plus grand nombre de manières possible. Comme dit le proverbe français Plus ça change, plus c'est la même chose(1)•

De plus, je perçois que le sentiment d'être menacé par une mort inéluctable n'est pas différent de celui de se sentir bien en vie. Donc, puisque tous les êtres, partout, éprouvent ces mêmes sentiments, tous sont tout autant «moi» que je le suis moi-même. Cependant, le sentiment du «moi», pour qu'on arrive tant soit peu à le ressentir, doit toujours être une sensation par rapport à «l'autre», à quelque chose au-delà du contrôle et de l'expérience de ce moi.

Pour peu qu'il existe, il doit avoir un début et une fin. Mais le saut intellectuel que vous fait faire ici l'expérience mystique et psychédélique consiste à vous rendre capable de percevoir que ces innombrables «centres du moi» ne sont que vous-même - non pas, en fait, votre moi individuel, superficiel et conscient, mais ce que les Hindous appellent le paramatman, le Moi entre tous les moi(2).

De même que la rétine nous permet de voir d'innombrables impulsions d'énergie sous l'aspect d'une lumière unique, l'expérience mystique nous montre les individus innombrables sous la forme d'un Moi unique.

- La quatrième de ces caractéristiques -

La quatrième caractéristique est le sens de l'énergie éternelle, souvent sous l'aspect d'une lumière blanche intense, qui semble être à la fois le fluide qui parcourt vos nerfs et ce mystérieux e qui égale mc2. Peut-être cela apparaît-il comme de la mégalomanie, ou folie des grandeurs - mais on perçoit très nettement que toute existence n'est qu'une énergie unique, et que cette énergie, c'est soi-même.

Bien entendu la mort existe, comme la vie, puisque l'énergie est pulsation. Tout comme il faut à la vague une crête et un creux, l'expérience d'exister doit être alternance, tantôt la mort, tantôt la vie. Donc, fondamentalement, il n'y a aucune raison de s'inquiéter, puisque vous êtes vous-même l'énergie éternelle de l'univers qui joue à cache-cache (l'alternance) avec lui-même.

Au fond, vous êtes la Divinité, car Dieu est tout ce qui est. Je cite Esaïe, un peu hors de contexte :
"Je suis l'Eternel et il n'y en a point d'autre, je forme la lumière et je crée les ténèbres, je donne la prospérité et je crée l'adversité ; Moi l'Eternel je fais toutes ces choses"(3).>

Voilà la signification de la doctrine de l'hindouisme,
"Tat tvam asi : CELA (c'est-à-dire cet être subtil de qui est composé cet univers entier) tu l'es(4)."

Un exemple occidental classique de cette expérience se trouve dans les Mémoires de Tennyson(5):

Une sorte d'hypnose éveillée que j'ai souvent vécue, depuis mon enfance, lorsque j'étais tout seul. Cela survenait généralement après que j'eus prononcé tout bas mon propre nom deux ou trois fois, jusqu'à ce que, tout à coup, comme si cela émanait de l'intensité de la conscience de l'individualité, l'individualité elle-même semblât se dissoudre et s'évanouir en un état sans limites, non pas désordonné mais le plus clair parmi les plus clairs, le plus sûr parmi les plus sûrs, le plus étrange parmi les plus étranges, tout à fait indicible, où la mort paraissait comme une impossibilité quasiment dérisoire, la perte de personnalité (si c'était vraiment cela) semblant être non pas l'anéantissement mais la seule vie réelle.


(1) En français dans le texte.
(2) C'est ainsi que l'hindouisme se représente l'univers, non pas comme un ouvrage mais comme un vaste drame dans lequel l'Unique Acteur - le paramatman ou brahman - joue tous les rôles, qui tous sont ses masques ou ses personae. L'impression de n'être qu'un seul moi particulier, Jean Dupont, provient de ce que l'Acteur s'absorbe complètement dans ce rôle, comme il le fait dans tout autre. Pour plus de détails, voir The Hindu View of Life de Sarvepalli Radhakrishnan, New York, the Macmillan Company, 1972; Philosophies of India, de Heinrich Zimmer, New York, Pantheon Books, 1951, pp. 355-463. Vous en trouverez une version populaire dans The Book : On the Taboo Against knowing Who You Are, d'Alan Watts, New York, Pantheon Books, 1966.
(3) Esaïe 45 : 6, 7.
(4) Chandogya Upanishad 6. 15, 3.
(5) Alfred Lord Tennyson, A memoir by His Son (1898), vol. 1, p. 320


Source : Matière à réflexion (pourquoi nous ne savons plus vivre) par Alan Watts