mardi 26 juillet 2011

Les Cathares

par Jean Blum

Il y a actuellement une rediffusion d'une ancienne émission qui passe sur "Radio ici et maintenant" en 4 parties avec Jean Blum pour son livre "Les cathares". C'est une très bonne émission, avec un invité de qualité.
Pour commander le MP3 :
http://icietmaintenant.info

Nom du fichier : Laurent-Les_Cathares-Jean_Blum-301103-6h20.mp3
Date d'enregistrement : vendredi 05 décembre 2003 17:57
Durée de l'émission : 6hrs 18mins 5secs
Qualité d'enregistrement : 64 Kbps Poids : 173.08 Mo
Et voici un doc qui retrace l'aspect purement historique :


Occultisme - Les Cathares 1 par Cesar83


Occultisme - Les Cathares 2 par Cesar83


Occultisme - Les Cathares 3 par Cesar83

dimanche 24 juillet 2011

Faux départ (mars 2011) (Film)




Source : http://elevation.over-blog.net

Le DVD : http://www.s17production.com/fr/fiche.asp?id=1

La B.A. : http://www.dailymotion.com/video/xetrey_bande-annonce-faux-depart-de-sonia_shortfilms

Le livre des esprits (Audio) (1)

Livre 1 - Chapitre 1

J'ai choisis de supprimer les commentaires d'Allan Kardec et de ne garder que ce que disent les esprits. Ce premier chapitre n'est pas très intéressant. En règle générale, les esprits se montrent aussi incapables que nous lorsqu'il s'agit de parler de Dieu. Cependant il y a des passages dans certains chapitres qui méritent attention. Et le mieux selon moi est de zapper le commentaire de Kardec. (globalement le texte est imbibé de morale chrétienne mais il y a quelques surprises au détour d'une question un peu pertinente).



Source : http://www.audiocite.net

Arthur Schopenhauer (Thèse de doctorat) (4)

Ce texte de jeunesse est présenté par Schopenhauer dans son oeuvre majeure, "Le monde comme volonté et représentation", comme un pré-requis. Il y fait allusion souvent. Expliquant qu'il ne compte pas revenir sur ce qu'il a déjà expliqué ici. Cela prouve a quel point il est conscient et certain d'avoir trouvé une/la vérité
"DE LA QUADRUPLE RACINE 
DU PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE"


Je passe le chapitre II car il est truffé de références à des textes grecques et latins on verra si je peux en faire quelque chose car le tour d'horizon des philosophes doit être enrichissant. Il faut bien dire que ce "principe de raison suffisante" est assez difficile à cerner... Selon wikipedia :
Le Principe de raison suffisante est un principe philosophique (ou axiome). Dans sa formulation originelle, par Leibniz, il stipule que « jamais rien n'arrive sans qu'il y ait une cause ou du moins une raison déterminante, c'est-à-dire qui puisse servir à rendre raison a priori pourquoi cela est existant plutôt que non existant et pourquoi cela est ainsi plutôt que de toute autre façon » (Théodicée, I, 44).


CHAPITRE III

INSUFFISANCE DE L'EXPOSÉ QU'ON EN A FAIT JUSQU'lCI ET ESQUISSE D'UN EXPOSÉ NOUVEAU


§ 15. Cas qui ne rentrent pas dans les acceptions du principe exposées jusqu'a ce jour.

De l'examen que nous ayons présenté dans le chapitre précédent, il ressort comme résultat général que l'on a distingué deux applications du principe de la raison suffisante, bien que cela ne se soit fait que graduellement, avec un retard surprenant, et non sans être retombé à plusieurs reprises dans des confusions et des erreurs : l'une est son application, aux jugements, qui, pour être vrais, doivent toujours avoir une raison; l'autre, aux changements des objets réels,qui doivent toujours avoir une cause. Nous voyons que, dans les deux cas, le principe de la raison-suffisante nous autorise à poser la question : "pourquoi ?" et cette propriété lui est essentielle. Mais tous les cas où nous avons le droit de demander pourquoi sont-ils bien contenus dans ces deux relations ?

Quand je demande : Pourquoi, dans ce triangle,les trois côtés sont-ils égaux? La réponse est : Parce que les trois angles le sont, Or égalité des angles est-elle la cause de celle des côtés? Non, car il ne s'agit ici d'aucun changement, par conséquent d'aucun effet, qui doive avoir une cause. Est-elle un simple principe de connaissance? Non, car l'égalité des angles n'est pas simplement la preuve de l'égalité des cotes, la simple raison d'un jugement : on ne pourrait jamais comprendre au moyen de pures notions que, lorsque les angles sont égaux, les côtés le doivent être également; car, dans la notion d'égalité des angles, n'est pas contenue la notion d'égalité des côtés.

Ce n'est donc pas ici une relation entre des notions ou entre des jugements, mais entre des côtés et des angles. L'égalité des angles n'est pas le principe immédiat de la connaissance de l'égalité des.côtés, elle n'en est que le principe médiat, vu qu'elle est pour les côtés la cause d'être de telle façon, dans le cas présent d'être égaux : parce que les angles sont égaux, les côtés doivent être égaux.

Il y a ici une relation nécessaire entre angles et côtés, et non pas immédiatement une relation nécessaire entre des jugements. Ou bien encore, lorsque je demande pourquoi infecta facta, et jamais facta infecta fieri possunt, c'est-à-dire pourquoi le passé est absolument irréparable et l'avenir infaillible, cela ne peut se démontrer par la logique pure, par de simples notions.

Cela n'est pas non plus affaire de causalité, car celle-ci ne régit que les événements dans le temps, et non le temps lui-même. Ce n'est pas en vertu de la causalité, mais immédiatement, par le fait seul de son existence, dont l'apparition est néanmoins infaillible, que l'heure présente a précipité celle qui vient de s'écou1er, dans l'abîme sans fond du passé, et l'a anéantie à jamais. Cela ne se peut comprendre ni expliquer par de pures notions ; nous le reconnaissons tout immédiatement et par intuition, tout comme la différence entre la droite et la gauche et ce qui en dépend, par exemple pourquoi le gant gauche ne va pas à la main droite.

Puisque tous les cas dans lesquels le principe de la raison suffisante trouve son application ne se laissent pas ramener a celui de principe logique et conséquence et a celui de cause et effet, il faut que dans cette classification on n'ait pas suffisamment tenu compte de la loi de spécification. Cependant la loi d'homogénéité nous oblige de supposer que ces cas ne peuvent pas varier à l'infini, mais qu'ils doivent pouvoir être ramenés à un certain nombre d'espèces. Avant que je tente de procéder à cette classification, il est nécessaire d'établir le caractère particulier, qui appartient en propre, dans tous les cas, au principe de la raison suffisante; car il faut toujours fixer la notion du genre avant celle des espèces.

§ 16. De la racine du principe de la raison suffisante.

Notre faculté de connaissance, se manifestant comme sensibilité externe et interne (réceptivité), comme entendement et comme raison, se décompose en sujet et objet et ne contient rien au delà. Etre objet pour le sujet ou être notre représentation, c'est la même chose.

Toutes nos représentations sont objets du sujet, et tous les objets du sujet sont nos représentations. Or il arrive que toutes nos représentations sont entre elles dans une liaison régulière que l'on peut déterminer à priori, en ce qui touche la forme; en vertu de cette liaison, rien d'isolé et d'indépendant, rien d'unique et de détaché, ne peut devenir notre objet. C'est cette liaison qu'exprime le principe de la raison suffisante, dans sa généralité.

Bien que cette relation, comme nous pouvons le voir par ce qui a été dit jusqu'ici, revête des formes diverses, selon la diversité d'espèce des objets que le principe de la raison exprime alors à son tour par des dénominations différentes, "cependant elle conserve toujours ce qui est commun à toutes ces formes et. ce qu'affirme notre principe, pris dans son sens général et abstrait.

Ce que j'ai nommé la racine du principe de la raison suffisante, ce sont donc ces relations qui en forment la base, et que nous aurons à exposer plus en détail dans ce qui va suivre. En les examinant de plus près et conformément aux lois d'homogénéité et de spécification, nous verrons qu'elles se divisent en plusieurs espèces, très différentes les unes des autres, dont le nombre peut se ramener à quatre, selon les quatre classes dans lesquelles rentre tout ce qui peut
devenir objet pour nous, par conséquent toutes nos représentations.

Ce sont ces quatre classes que nous exposerons et étudierons dans les quatre prochains chapitres. Nous verrons, dans chacune de ces classes, le principe de la raison suffisante apparaître sous une autre forme ; mais, en même temps, nous le verrons se manifester comme le même et comme issu de la racine que je viens d'indiquer, en ce qu'il admet partout l'énonciation exposée au commencement de ce paragraphe.

Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5400813b

samedi 23 juillet 2011

Voyage initiatique dans notre cerveau (vidéo conf.)

HERVE-MINVIELLE Anne, ROSTENE William

jeudi 21 juillet 2011

Alain Aspect (conf 2005)

Qu’est-ce qui est réel ?



Source : http://www.savoirs.ens.fr

mercredi 20 juillet 2011

A la conquête du Zéro absolu

De l'inventeur du premier thermomètre à la physique quantique, l'épopée des pionniers du "zéro absolu" cherchant à découvrir la limite extrême du froid afin d'en comprendre la nature. Un trépidant polar scientifique avec rebondissements et frissons.
L'air conditionné, la réfrigération et la supraconductivité sont quelques-unes des technologies dans lesquelles le froid intervient. Mais qu'est-ce que le froid? Comment l'obtient-on? Et quelle est sa limite? Trois questions auxquelles ce film d'aventures entreprend de répondre en nous emmenant, du XVIIe siècle à nos jours à la rencontre de réjouissants esprits libres. À la cour de Jacques Ier d'Angleterre, l'inventeur du thermomètre Cornelius von Drebbel s'avère ainsi l'improbable grand-père des derniers développements de la physique quantique, qui ont permis de définir et d'approcher la mesure du froid extrême ou "zéro absolu", soit - 273,15 ºC


La conquête du froid absolu "Absolut zéro" 1/5 par Action_Reaction


La conquête du froid absolu "Absolut zéro" 2/5 par Action_Reaction


La conquête du froid absolu "Absolut zéro" 3/5 par Action_Reaction


La conquête du froid absolu "Absolut zéro" 4/5 par Action_Reaction


La conquête du froid absolu "Absolut zéro" 5/5 par Action_Reaction

Etienne Klein (instant zéro)

L'univers a-t-il connu un instant zéro ?

On peut être reconnaissant à Etienne Kleinn d'être aussi bien passionné de science que de philosophie. J'adore ce type. Par hasard, il répond à une question que je me posais hier soir concernant la limite dans le chaud. Selon la théorie des cordes il existerait une limite au chaud ce qui serait le moteur du big bang : expansion, rétractation, froid, chaud.

Dans le cadre de son cycle de conférences «Les Entretiens d’Issy», Issy-les-Moulineaux a accueilli le 14 mars 2011, Etienne Klein qui dirige actuellement le laboratoire de recherche sur les sciences de la matière du Commissariat à l’Énergie Atomique et enseigne la philosophie des sciences.


L'univers a-t-il connu un instant zero ?, avec... par issy-tv

L'univers étrange du froid : à la limite du zéro absolu

Henri GODFRIN
Au voisinage du zéro absolu de température, la matière se transforme, adoptant des comportements que notre intuition a de la peine à appréhender. Certains gaz liquéfiés deviennent superfluides, s'échappant du réservoir qui les contient comme s'ils défiaient la pesanteur. La supraconductivité apparaît dans les métaux et donne lieu à des courants électriques permanents, utilisés aujourd'hui pour la production de champs magnétiques intenses. L'explication de ces phénomènes étranges apporte un nouvel éclairage dans des domaines que l'on aurait crus très éloignés, comme la dynamique des étoiles à neutrons ou l'évolution de l'Univers après le Big Bang, contribuant ainsi à établir des concepts physiques fondamentaux. Pour atteindre des basses températures qui n'existent pas dans la Nature, les chercheurs ont mis au point des méthodes de réfrigération sophistiquées. Celles-ci ont ouvert un nouveau domaine de recherche, la Physique des très basses températures, particulièrement riche en phénomènes physiques nouveaux qui constituent la source d'applications technologiques de pointe. Au cours d'une promenade à la limite du zéro absolu de température nous explorerons ensemble le royaume du froid.

mardi 19 juillet 2011

Particules élémentaires et Big Bang (Conf 2007)

Michel Spiro
président du Conseil européen pour la recherche nucléaire (CERN)

Très bonne conférence. Une des plus didactique que j'ai eu l'occasion d'écouter.

"l'univers était infiniment dense et infiniment chaud" ==> infiniment.

Et il devient moins dense, plus froid, plus espacé.

Il faudra qu'on revienne en détail sur la limite du froid. Car s'il ne semble pas y avoir de limite au chaud il y a une véritable limite au froid. Et une telle réalité a forcément un sens extrêmement profond.



Jeudi 11 octobre 2007, 18h30
Source : http://www.universcience.fr"

Le molécules du plaisir


On peut quand même remarquer que si on boit un coup, on fume un pétard, on fait l'amour, on est orgueilleux de sa notoriété ou de sa réussite.... ou au contraire on déprime, on voit tout en noir, on veut se suicider, honteux, à chier, etc c'est toujours une expérience.

Le + évident il me semble c'est avec les drogues : l'alcool qui est la drogue du peuple par excellence met en évidence que la vision du monde est relative aux produits que nous absorbons.

L'alcool est vraiment la preuve qu'aucune de nos perceptions n'est authentique. En boostant notre bonheur artificiellement l'alcool démontre que nous sommes le jouet des molécules.

Je subodore que les drogués sont des gens qui veulent expérimenter la futilité de la joie et du désespoir en vitesse accélérée. Des êtres en quête d'absolu.

Car en réalité qui n'a pas vécu les affres de la drogue ne peut vraiment réaliser dans ses trippes la volatilité des humeurs.

Il faut un révélateur. Les drogues en boostant les molécules du plaisir dans le cerveau engendrent un "down" et une "descente" systématiques.

Si bien que le drogué est très accoutumé à la notion de relativité de la notion de plaisir ou de douleur.

Ultimement nous sommes dopé à ces molécules du plaisir naturellement. Ce sont elles qui nous rendent amoureux. Elles qui nous font manger, boire, dormir.

Nous sommes dirigés par les molécules du plaisir.

J'ai eu la grande chance de vivre, à la suite d'une intoxication alimentaire, une perte de goût qui a duré une ou deux semaines. Ce qui m'a permis de mettre le doigt sur le fait que manger, se nourrir est dicté par le plaisir de manger. Lorsque j'ai perdu totalement le goût je devais me forcer à manger ne sachant pas combien de temps cela allait durer. Concrètement je me disais : bon là je vais absorber quelque chose pour mon corps sans aucun plaisir.

De même j'ai eu l'occasion de vivre deux expérience extrêmes. Dans l'une d'elle, un accident j'ai eu accès réellement à la plénitude. Lors d'un accident de Mob. Le sentiment est indescriptible. Il s'agit encore probablement des molécules. Une réaction naturelle en cas de mort. Ce qui me permet de promettre que notre mort sera félicité. Grâce aux petites molécules.

J'ai aussi vécu une décorporation. Je me suis vu de deux mètres de haut. J'étais (donc qui ???) dans une impassibilité et une dépersonnalisation incroyable. Encore les molécules je suppose.

Mais nous reviendrons sur ces deux expériences car elles méritent que je les raconte en détail. L'ego n'a rien a voir là dedans mais j'aimerais vraiment diffuser ce que j'ai vécu. Et je suis très preneur de témoignages de ce type.

lundi 18 juillet 2011

Twin Peaks








Source : http://www.afds.tv/twin-peaks.html
(aux frontières des séries)

Arthur Schopenhauer (conseils de sagesse)

Aphorismes sur la sagesse dans la vie

DIVISION FONDAMENTALE
Aristote (Morale à Nicomaque, I, 8) a divisé les biens de la vie humaine en trois classes, les biens extérieurs, ceux de l'âme et ceux du corps. Ne conservant que la division en trois, je dis que ce qui différencie le sort des mortels peut être ramené à trois conditions fondamentales. Ce sont:

1° Ce qu'on est: donc la personnalité, dans son sens le plus étendu. Par conséquent, on comprend ici la santé, la force, la beauté, le tempérament, le caractère moral, l'intelligence et son développement.

2° Ce qu'on a: donc propriété et avoir de toute nature.

3° Ce qu'on représente: on sait que par cette expression l'on entend la manière dont les autres se représentent un individu, par conséquent ce qu'il est dans leur représentation. Cela consiste donc dans leur opinion à son égard et se divise en honneur, rang et gloire.

Les différences de la première catégorie dont nous avons à nous occuper sont celles que la nature elle-même a établies entre les hommes; d'où l'on peut déjà inférer que leur influence sur le bonheur ou le malheur sera plus essentielle et plus pénétrante que celle des différences provenant des règles humaines et que nous avons mentionnées sous les deux rubriques suivantes. Les vrais avantages personnels, tels qu'un grand esprit ou un grand cœur, sont par rapport à tous les avantages du rang, de la naissance, même royale, de la richesse et autres, ce que les rois véritables sont aux rois de théâtre. Déjà Métrodore, le premier élève d'Épicure, avait intitulé un chapitre: Les causes qui viennent de nous contribuent plus au bonheur que celles qui naissent des choses. — (Cf. Clément d'Alex., Strom., II, 21, p. 362 dans l'édition de Wurtzbourg des Opp. polem.)

Et, sans contredit, pour le bien-être de l'individu, même pour toute sa manière d'être, le principal est évidemment ce qui se trouve ou se produit en lui. C'est là, en effet, que réside immédiatement son bien-être ou son malaise; c'est sous cette forme, en définitive, que se manifeste tout d'abord le résultat de sa sensibilité, de sa volonté et de sa pensée; tout ce qui se trouve en dehors n'a qu'une influence indirecte. Aussi les mêmes circonstances, les mêmes événements extérieurs, affectent-ils chaque individu tout différemment, et, quoique placés dans un même milieu, chacun vit dans un monde différent. Car il n'a directement affaire que de ses propres perceptions, de ses propres sensations et des mouvements de sa propre volonté: les choses extérieures n'ont d'influence sur lui qu'en tant qu'elles déterminent ces phénomènes intérieurs. Le monde dans lequel chacun vit dépend de la façon de le concevoir, laquelle diffère pour chaque tête; selon la nature des intelligences, il paraîtra pauvre, insipide et plat, ou riche, intéressant et important. Pendant que tel, par exemple, porte envie à tel autre pour les aventures intéressantes qui lui sont arrivées pendant sa vie, il devrait plutôt lui envier le don de conception qui a prêté à ces événements l'importance qu'ils ont dans sa description, car le même événement qui se présente d'une façon si intéressante dans la tête d'un homme d'esprit, n'offrirait plus, conçu par un cerveau plat et banal, qu'une scène insipide de la vie de tous les jours. Ceci se manifeste au plus haut degré dans plusieurs poésies de Gœthe et de Byron, dont le fond repose évidemment sur une donnée réelle; un sot, en les lisant, est capable d'envier au poète l'agréable aventure, au lieu de lui envier la puissante imagination qui, d'un événement passablement ordinaire, a su faire quelque chose d'aussi grand et d'aussi beau. Pareillement, le mélancolique verra une scène de tragédie là où le sanguin ne voit qu'un conflit intéressant, et le flegmatique un fait insignifiant.

Tout cela vient de ce que toute réalité, c'est-à-dire toute «actualité remplie» se compose de deux moitiés, le sujet et l'objet, mais aussi nécessairement et aussi étroitement unies que l'oxygène et l'hydrogène dans l'eau. A moitié objective identique, la subjective étant différente, ou réciproquement, la réalité actuelle sera tout autre; la plus belle et la meilleure moitié objective, quand la subjective est obtuse, de mauvaise qualité, ne fournira jamais qu'une méchante réalité et actualité, semblable à une belle contrée vue par un mauvais temps ou réfléchie par une mauvaise chambre obscure. Pour parler plus vulgairement, chacun est fourré dans sa conscience comme dans sa peau et ne vit immédiatement qu'en elle; aussi y a-t-il peu de secours à lui apporter du dehors. A la scène, tel joue les princes, tel les conseillers, tel autre les laquais, ou les soldats ou les généraux, et ainsi de suite. Mais ces différences n'existent qu'à l'extérieur; à l'intérieur, comme noyau du personnage, le même être est fourré chez tous, savoir un pauvre comédien avec ses misères et ses soucis.

Dans la vie, il en est de même. Les différences de rang et de richesses donnent à chacun son rôle à jouer, auquel ne correspond nullement une différence intérieure de bonheur et de bien-être; ici aussi est logé dans chacun le même pauvre hère, avec ses soucis et ses misères, qui peuvent différer chez chacun pour ce qui est du fond, mais qui, pour ce qui est de la forme, c'est-à-dire par rapport à l'être propre, sont à peu près les mêmes chez tous; il y a certes des différences de degré, mais elles ne dépendent pas du tout de la condition ou de la richesse, c'est-à-dire du rôle.

Comme tout ce qui se passe, tout ce qui existe pour l'homme ne se passe et n'existe immédiatement que dans sa conscience; c'est évidemment la qualité de la conscience qui sera le prochainement essentiel, et dans la plupart des cas tout dépendra de celle-là bien plus que des images qui s'y représentent. Toute splendeur, toutes jouissances sont pauvres, réfléchies dans la conscience terne d'un benêt, en regard de la conscience d'un Cervantès, lorsque, dans une prison incommode, il écrivait son Don Quijote.

La moitié objective de l'actualité et de la réalité est entre les mains du sort et, par suite, changeante la moitié subjective, c'est nous-même, elle est par conséquent immuable dans sa partie essentielle. Aussi, malgré tous les changements extérieurs, la vie de chaque homme porte-t-elle d'un bout à l'autre le même caractère; on peut la comparer à une suite de variations sur un même thème. Personne ne peut sortir de son individualité. Il en est de l'homme comme de l'animal; celui-ci, quelles que soient les conditions dans lesquelles on le place, demeure confiné dans le cercle étroit que la nature a irrévocablement tracé autour de son être, ce qui explique pourquoi, par exemple, tous nos efforts pour faire le bonheur d'un animal que nous aimons doivent se maintenir forcément dans des limites très restreintes, précisément à cause de ces bornes de son être et de sa conscience; pareillement, l'individualité de l'homme a fixé par avance la mesure de son bonheur possible. Ce sont spécialement les limites de ses forces intellectuelles qui ont déterminé une fois pour toute son aptitude aux jouissances élevées. Si elles sont étroites, tous les efforts extérieurs, tout ce que les hommes ou la fortune feront pour lui, tout cela sera impuissant à le transporter par delà la mesure du bonheur et du bien-être humain ordinaire, à demi animal: il devra se contenter des jouissances sensuelles, d'une vie intime et gaie dans sa famille, d'une société de bas aloi ou de passe-temps vulgaires. L'instruction même, quoiqu'elle ait une certaine action, ne saurait en somme élargir de beaucoup ce cercle, car les jouissances les plus élevées, les plus variées et les plus durables sont celles de l'esprit, quelque fausse que puisse être pendant la jeunesse notre opinion à cet égard; et ces jouissances dépendent surtout de la force intellectuelle. Il est donc facile de voir clairement combien notre bonheur dépend de ce que nous sommes, de notre individualité, tandis qu'on ne tient compte le plus souvent que de ce que nous avons ou de ce que nous représentons. Mais le sort peut s'améliorer; en outre, celui qui possède la richesse intérieure ne lui demandera pas grand'chose; mais un benêt restera benêt, un lourdaud restera lourdaud, jusqu'à sa fin, fût-il en paradis et entouré de houris. Gœthe dit:
Volk und Kuecht und Ueberwinder,
Sie gestehn, zu jeder Zeit,
Höchstes Glück der Erdenkinder
Sei nur die Persönlichkeit.

Peuple et laquais et conquérant,
En tout temps reconnaissent
Que le suprême bien des fils de la terre
Est seulement la personnalité.
(Gœthe, Divan Or. 0cc., Zulecka)
Que le subjectif soit incomparablement plus essentiel à notre bonheur et à nos jouissances que l'objectif, cela se confirme en tout, par la faim, qui est le meilleur cuisinier, jusqu'au vieillard regardant avec indifférence la déesse que le jeune homme idolâtre, et tout au sommet, nous trouvons la vie de l'homme de génie et du saint. La santé par-dessus tout l'emporte tellement sur les biens extérieurs qu'en vérité un mendiant bien portant est plus heureux qu'un roi malade. Un tempérament calme et enjoué, provenant d'une santé parfaite et d'une heureuse organisation, une raison lucide, vive, pénétrante et concevant juste, une volonté modérée et douce, et comme résultat une bonne conscience, voilà des avantages que nul rang, nulle richesse ne sauraient remplacer. Ce qu'un homme est en soi-même, ce qui l'accompagne dans la solitude et ce que nul ne saurait lui donner ni lui prendre, est évidemment plus essentiel pour lui que tout ce qu'il peut posséder ou ce qu'il peut être aux yeux d'autrui. Un homme d'esprit, dans la solitude la plus absolue, trouve dans ses propres pensées et dans sa propre fantaisie de quoi se divertir agréablement, tandis que l'être borné aura beau varier sans cesse les fêtes, les spectacles, les promenades et les amusements, il ne parviendra pas à écarter l'ennui qui le torture. Un bon caractère, modéré et doux, pourra être content dans l'indigence, pendant que toutes les richesses ne sauraient satisfaire un caractère avide, envieux et méchant. Quant à l'homme doué en permanence d'une individualité extraordinaire, intellectuellement supérieure, celui-là alors peut se passer de la plupart de ces jouissances auxquelles le monde aspire généralement; bien plus, elles ne sont pour lui qu'un dérangement et un fardeau. Horace dit en parlant de lui-même:


Gemmas, marmor, ebur, Tyrrhena sigilla, tabetlas,
Argentum, vestes Gaetuto murice tinctas,
Sunt qui habeant, est qui non curat habere.

Il en est qui n'ont ni pierres précieuses,
ni marbre, ni ivoire, ni statuettes tyrrhéniennes,
ni tableaux, ni argent, ni robes teintes de pourpre gaétulienne;
il en est un qui ne se soucie pas d'en avoir.
(Horace, Ep. II, L. II, vers 180 et suiv.)

Et Socrate, à la vue d'objets de luxe exposés pour la vente, s'écriait: «Combien il y a de choses dont je n'ai pas besoin!»

Ainsi, la condition première et la plus essentielle pour le bonheur de la vie, c'est ce que nous sommes, c'est notre personnalité; quand ce ne serait déjà que parce qu'elle agit constamment et en toutes circonstances, cela suffirait à l'expliquer, mais en outre, elle n'est pas soumise à la chance comme les biens des deux autres catégories, et ne peut pas nous être ravie. En ce sens, sa valeur peut passer pour absolue, par opposition à la valeur seulement relative des deux autres. Il en résulte que l'homme est bien moins susceptible d'être modifié par le monde extérieur qu'on ne le suppose volontiers. Seul le temps, dans son pouvoir souverain, exerce également ici son droit; les qualités physiques et intellectuelles succombent insensiblement sous ses atteintes; le caractère moral seul lui demeure inaccessible.

Sous ce rapport, les biens des deux dernières catégories auraient un avantage sur ceux de la première, comme étant de ceux que le temps n'emporte pas directement. Un second avantage serait que, étant placés en dehors de nous, ils sont accessibles de leur nature, et que chacun a pour le moins la possibilité de les acquérir, tandis que ce qui est en nous, le subjectif, est soustrait a notre pouvoir: établi jure divino, il se maintient invariable pendant toute la vie. Aussi les vers suivants contiennent-ils une inexorable vérité:
Wie an dem Tag, der dich der Welt verliehen,
Die Sonne stand zum Grusze der Planeten,
Bist alsobald und fort und fort gediehen,
Nach dem Gesetz, wonach du augetreten.
So muszt du seyn, dir kannst du nicht entfliehen,
So sagten schon Sybillen, so Propheten;
Und keine Zeit und keine Macht zerstückelt
Geprägte Form, die lebend sich entwichelt.

Comme, dans le jour qui t'a donné au monde,
Le soleil était là pour saluer les planètes,
Tu as aussi grandi sans cesse,
D'après la loi selon laquelle tu as commencé.
Telle est ta destinée; tu ne peux t'échapper à toi-même;
Ainsi parlaient déjà les sibylles; ainsi les prophètes;
Aucun temps, aucune puissance ne brise la forme empreinte
Qui se développe dans le cours de la vie.
(GoethePoésies, trad. Porchat, vol. 1, p. 312.)
Tout ce que nous pouvons faire à cet égard, c'est d'employer cette personnalité, telle qu'elle nous a été donnée, à notre plus grand profit; par suite, ne poursuivre que les aspirations qui lui correspondent, ne rechercher que le développement qui lui est approprié en évitant tout autre, ne choisir, par conséquent, que l'état, l'occupation, le genre de vie qui lui conviennent.

Un homme herculéen, doué d'une force musculaire extraordinaire, astreint par des circonstances extérieures à s'adonner à une occupation sédentaire, à un travail manuel, méticuleux et pénible, ou bien encore à l'étude et à des travaux de tête, occupations réclamant des forces toutes différentes, non développées chez lui et laissant précisément sans emploi les forces par lesquelles il se distingue, un tel homme se sentira malheureux toute sa vie; bien plus malheureux encore sera celui chez lequel les forces intellectuelles l'emportent de beaucoup et qui est obligé de les laisser sans développement et sans emploi pour s'occuper d'une affaire vulgaire qui n'en réclame pas, ou bien encore et surtout d'un travail corporel pour lequel sa force physique n'est pas suffisante. Ici toutefois, principalement pendant la jeunesse, il faut éviter l'écueil de la présomption et ne pas s'attribuer un excès de forces que l'on n'a pas.

De la prépondérance bien établie de notre première catégorie sur les deux autres, il résulte encore qu'il est plus sage de travailler à conserver sa santé et à développer ses facultés qu'à acquérir des richesses, ce qu'il ne faut pas interpréter en ce sens qu'il faille négliger l'acquisition du nécessaire et du convenable. Mais la richesse proprement dite, c'est-à-dire un grand superflu, contribue peu à notre bonheur; aussi beaucoup de riches se sentent-ils malheureux, parce qu'ils sont dépourvus de culture réelle de l'esprit, de connaissances et, par suite, de tout intérêt objectif qui pourrait les rendre aptes à une occupation intellectuelle. Car ce que la richesse peut fournir au delà de la satisfaction des besoins réels et naturels a une minime influence sur notre véritable bien-être; celui-ci est plutôt troublé par les nombreux et inévitables soucis qu'amène après soi la conservation d'une grande fortune. Cependant les hommes sont mille fois plus occupés à acquérir la richesse que la culture intellectuelle, quoique certainement ce qu'on est contribue bien plus à notre bonheur que ce qu'on a.

Combien n'en voyons-nous pas, diligents comme des fourmis et occupés du matin au soir à accroître une richesse déjà acquise! Ils ne connaissent rien par delà l'étroit horizon qui renferme les moyens d'y parvenir; leur esprit est vide et par suite inaccessible à toute autre occupation. Les jouissances les plus élevées, les jouissances intellectuelles sont inabordables pour eux; c'est en vain qu'ils cherchent à les remplacer par des jouissances fugitives, sensuelles, promptes, mais coûteuses à acquérir, qu'ils se permettent entre temps. Au terme de leur vie, ils se trouvent avoir comme résultat, quand la fortune leur a été favorable, un gros monceau d'argent devant eux, qu'ils laissent alors à leurs héritiers le soin d'augmenter ou aussi de dissiper. Une pareille existence, bien que menée avec apparence très sérieuse et très importante, est donc tout aussi insensée que telle autre qui arborerait carrément pour symbole une marotte.

Ainsi, l'essentiel pour le bonheur de la vie, c'est ce que l'on a en soi-même. C'est uniquement parce que la dose en est d'ordinaire si petite que la plupart de ceux qui sont sortis déjà victorieux de la lutte contre le besoin se sentent au fond tout aussi malheureux que ceux qui sont encore dans la mêlée. Le vide de leur intérieur, l'insipidité de leur intelligence, la pauvreté de leur esprit les poussent à rechercher la compagnie, mais une compagnie composée de leurs pareils, car similis simili gaudet. Alors commence en commun la chasse au passe-temps et à l'amusement, qu'ils cherchent d'abord dans les jouissances sensuelles, dans les plaisirs de toute espèce et finalement dans la débauche. La source de cette funeste dissipation, qui, en un temps souvent incroyablement court, fait dépenser de gros héritages à tant de fils de famille entrés riches dans la vie, n'est autre en vérité que l'ennui résultant de cette pauvreté et de ce vide de l'esprit que nous venons de dépeindre. Un jeune homme ainsi lancé dans le monde, riche en dehors, mais pauvre, en dedans, s'efforce vainement de remplacer la richesse intérieure par l'extérieure; il veut tout recevoir du dehors, semblable à ces vieillards qui cherchent à puiser de nouvelles forces dans l'haleine des jeunes filles. De cette façon, la pauvreté intérieure a fini par amener aussi la pauvreté extérieure.

Je n'ai pas besoin de relever l'importance des deux autres catégories de biens de la vie humaine, car la fortune est aujourd'hui trop universellement appréciée pour avoir besoin d'être recommandée. La troisième catégorie est même d'une nature très éthérée, comparée à la seconde, vu qu'elle ne consiste que dans l'opinion des autres. Toutefois chacun est tenu d'aspirer à l'honneur, c'est-à-dire à un bon renom; à un rang, ne peuvent y aspirer, uniquement, que ceux qui servent l'État, et, pour ce qui est de la gloire, il n'y en a qu'infiniment peu qui puissent y prétendre. L'honneur est considéré comme un bien inappréciable, et la gloire comme la chose la plus exquise que l'homme puisse acquérir; c'est la Toison d'or des élus; par contre, les sots seuls préféreront le rang à la richesse. La seconde et la troisième catégorie ont en outre l'une sur l'autre ce qu'on appelle une action réciproque; aussi l'adage de Pétrone: Habes, habeberis est-il vrai, et, en sens inverse, la bonne opinion d'autrui, sous toutes ses formes, nous aide souvent à acquérir la richesse.

Source : http://agora.qc.ca"

Alexandra David-Néel (livre)

J'avais raconté ma découverte tardive des livres d'Alexandra David-Néel (quelques mois à peine !!). Je la connaissais de nom, mais je l'assimilais à cette autre exploratrice et chercheuse en spiritualité qu'était H. Blavatsky. J'ai donc décidé de rattraper le temps perdu et je suis émerveillé par sa brillante intelligence.

Voici le livre suivant auquel je m'attaque avec délice. C'est une oeuvre posthume qui voulait relater son parcours dans le monde des sectes, de la religion et de la spiritualité. A l'âge de douze ans elle est déjà passionnée par les discussions métaphysiques. Pourquoi jamais sur mon chemin je n'ai eu cette chance de rencontrer de telles femmes ? Moi-même, très jeune, je n'étais passionné que par les mystères et la métaphysique.



Le sortilège du mystère

"De nos jours, des troupes d'hallucinés cheminent à la suite de grotesques charlatans ou pseudo-mages pontifiants en oripeaux de carnaval, abusés par la promesse d'aborder, grâce à ces mystificateurs, aux rives d'îles fortunées spirituelles. Au cours de mes voyages, j'ai été amenée à faire de fréquentes incursions dans ce monde aux aspects tantôt invraisemblables, tantôt infiniment pitoyables, des spirites, des apprentis occultistes et des adeptes de sectes secrètes. Ce sont quelques-uns des "paysages humains", ainsi rencontrés, que je me propose d'esquisser dans le présent livre. Peut-être amusera-t-il certains de mes lecteurs ; et je souhaite qu'il puisse en éclairer d'autres, car la poursuite sincère et louable des hauts buts spirituels suit une route difficile, exposée à bien des erreurs"
Alexandra David-Neel.
Ces textes, retrouvés dans ses notes, forment ce livre posthume de la célèbre voyageuse dont Jean Chalon a raconté le "lumineux destin" (éditions Pocket).

dimanche 17 juillet 2011

Philippe Grangier

Des photons intriqués à l'information quantique

Philippe Grangier est directeur de recherche à l'Institut d'optique du CNRS, professeur à l'Ecole polytechnique.



Source : http://medias.universcience.fr

Alain Aspect (conf 2008)

La lumière : onde ou particule ?



Source : http://medias.universcience.fr

vendredi 15 juillet 2011

Le hasard (conférence audio)

Gilles Pagès
probabiliste, université Pierre et Marie Curie.

Etienne Klein
physicien, directeur du Laboratoire de recherche sur les sciences de la matière au CEA, philosophe des sciences, professeur à l'Ecole centrale.

Pierre Lauret
directeur de programme au Collège international de philosophie, professeur de philosophie en Lettres supérieures, lycée Condercet (Paris).

Frédéric Vengeon
philosophe, directeur de programme au Collège international de philosophie



Source : http://medias.universcience.fr

Romane et Stochelo Rosenberg (docu)


Romane et Stochelo Rosenberg (doc) par plooty


Romane et stochelo rosenberg 2 par plooty


Romane et stochelo rosenberg 3 par plooty

Serge Haroche Chat de Schrödinger (2009)


La médaille d'or du CNRS de Serge Haroche

La Médaille d'or du CNRS, l'une des plus prestigieuses distinctions scientifiques françaises, a été décernée mercredi au physicien Serge Haroche, 64 ans, explorateur de l'étrange monde quantique, jonglant avec atomes et photons, les insaisissables particules de lumières.

Ses travaux de pionnier ont permis d'étudier et d'illustrer expérimentalement certains postulats de la mécanique quantique qui s'applique au monde microscopique. (AFP, le 4 juin 2009)

Serge Haroche est un brillant chercheur (élève du prix Nobel de physique Claude Cohen-Tannoudji), professeur au Collège de France, qui a dirigé pendant plusieurs années le laboratoire de physique de l'ENS. C'est un spécialiste de physique atomique et d'optique quantique.

Ses travaux visent à comprendre le passage du monde quantique au monde macroscopique de notre quotidien, un phénomène de "décohérence" que des expériences sur des photons captifs ont permis "saisir au vol".

Son équipe à l’ENS a pu, en portant l’atome dans une superposition de ses deux états d’énergie, préparer le champ dans un état où il oscille avec ces deux phases opposées à la fois, une situation impossible à comprendre d’un point de vue classique, mais parfaitement légitime selon la loi quantique. De tels états étranges s’appellent «chats de Schrödinger» en référence à une fameuse expérience de pensée dans laquelle ce physicien avait imaginé qu’un chat, emprisonné dans une boîte avec un atome radioactif, pouvait être placé dans la situation inconfortable d’être suspendu de façon quantique entre la vie et la mort.

Dans la vie réelle, les chats sont bien sûr morts ou vivants, une porte est ouverte ou fermée et n’est jamais bizarrement suspendue entre ces deux états. C’est que le phénomène de la décohérence a joué son rôle. Sous l’effet du couplage avec leur environnement, les objets macroscopiques constitués d’un très grand nombre de particules voient leurs superpositions d’états disparaître très rapidement. L’ambiguïté quantique s’évanouit pour laisser place au monde classique de notre expérience quotidienne. L’équipe de l’ENS a pu suivre en temps réel ce phénomène de perte de cohérence quantique en observant au cours du temps l’évolution d’un «chat de Schrödinger» de quelques photons.

Elle a montré que le temps de décohérence est d’autant plus court que le nombre de photons contenus dans le champ est plus grand. Ceci explique pourquoi les systèmes formés d’un nombre gigantesque de particules apparaissent toujours comme classiques, puisqu’on n’a pas en pratique le temps d’observer leur trop fugace existence quantique. Cette expérience montre de façon spectaculaire comment le comportement classique du monde macroscopique qui nous entoure émerge du monde quantique sous-jacent.


Source : Le site de Jean-Pierre Varlenge

Source : CNRS

Serge Haroche (2000)

"La théorie quantique, centrale à notre compréhension de la nature, introduit en physique microscopique les notions essentielles de superpositions d'états et d'intrication quantique, qui nous apparaissent comme "étranges" et contre-intuitives.

Les interférences quantiques et la non-localité - conséquences directes du principe de superposition et de l'intrication - ne sont en effet pas observables sur les objets macroscopiques de notre expérience quotidienne. Le couplage inévitable de ces objets avec leur environnement détruit très vite les relations de phase entre les états quantiques.

C'est le phénomène de la décohérence qui explique pourquoi autour de nous l'étrangeté quantique est généralement voilée. Pendant longtemps, superpositions, intrication et décohérence sont restés des concepts analysés à l'aide d'"expériences de pensée" virtuelles, dont celle du chat de Schrödinger à la fois mort et vivant est la plus connue. À la fin du XXe siècle, les progrès de la technologie ont rendu réalisables des versions de laboratoire simples de ces expériences.

On peut maintenant piéger et manipuler des atomes et des photons un par un et construire des systèmes de particules suspendus entre deux états quantiques distincts qui apparaissent ainsi comme des modèles réduits de chats de Schrödinger. Au delà de la curiosité scientifique et du défi que constitue l'observation de l'étrangeté quantique pour ainsi dire in vivo, ces expériences éclairent la frontière entre les mondes classique et quantique et ouvrent des perspectives fascinantes d'applications."




Source : www.canal-u.tv

A lire : résultats d'une de ses expériences
et CNRS-PDF

Conférence de Serge Haroche

Puissance et étrangeté de la physique quantique

Au format real player : ici

Source : www.academie-sciences.fr

lundi 11 juillet 2011

Serge Blisko

La loi a été votée...


Serge Blisko dénonce les dérives qu'entrainerait... par GroupeSRC

Jean-Pierre Changeux (Conférence)

"Le beau", l'art et le cerveau

Conférence en Espagne mais il parle en Français. Pour le test du tableau de Dali moi je ne vois carrément pas de femme. Je ne vois qu'un visage d'homme. Même quand je m'applique... ;)

dimanche 10 juillet 2011

Marcel Dadi (My family in MassaPequa)

Magnifique composition du grand Marcel Dadi.
Il se peut, si j'ai le courage de le faire, que je mette la "partoche" au format Muse score. A suivre. Ca sera intéressant car je l'écrirai en bon solfège. Tel que ça doit s'écrire. L'avantage de ce style de soft c'est de permettre dé vérifier en lecture informatique que ça correspond avec le morceau joué par l'auteur. En effet le Finger Picking est très particulier rythmiquement... et ce morceau swing particulièrement. Peu de musiciens le savent mais le swing s'écrit. C'est un rythme prévu de longue date. Simplement c'est très chargé graphiquement alors on a pris le parti de simplifier l'écriture. De + il est vrai que ceux qui ont inventé le swing ne voulaient pas s'embarrasser et se compliquer la vie puisque le swing est essentiellement un "feeling". Mais il s'écrit. Et c'est ce que nous verrons.




explications de My family in Massa Pequa par erico8686

jeudi 7 juillet 2011

Schopenhauer l'incompris


Par Roger-Pol Droit (pour le journal Le Monde)

Voilà un jeune homme qui ne doute de rien ! Personne ne le connaît, presque personne ne sait qu'il a publié, il y a quelques mois, chez Brock- haus, un gros ouvrage en deux volumes au titre énigmatique : Le Monde comme volonté et comme représentation. Et voilà que cet inconnu, âgé de 32 ans seulement, se met en tête de faire concurrence à Hegel, le grand maître de l'université de Berlin, le génie de la philosophie universitaire, de la philosophie allemande, peut-être de la philosophie tout court. Ce dénommé Arthur Schopenhauer insiste : le doyen de la faculté de Berlin placera son cours aux mêmes jours et aux mêmes heures que celui de Georg Friedrich Hegel.

Cet ambitieux n'a pas encore soutenu sa thèse, mais il fait déjà annoncer son enseignement. Et l'annonce n'est pas des plus modestes : "Arthur Schopenhauer exposera toute la philosophie, c'est-à-dire la théorie de l'essence de l'univers et celle de l'esprit humain." Durée prévue : vingt-quatre semestres !

Il est vrai que Schopenhauer voue à Hegel et à son système une haine intense. Alors que toute l'Allemagne célèbre la philosophie de l'histoire de Hegel, sa méthode dialectique, la marche de l'Esprit à travers les époques et les peuples, la réconciliation de la philosophie et de la religion chrétienne, ce jeune effronté ne voit chez ce maître illustre qu'un "charlatan plat, sans esprit, répugnant, ignorant",dont la philosophie est une "colossale mystification". A ses yeux, elle constitue "le verbiage le plus creux (...), le galimatias le plus stupide qui ait jamais été entendu, du moins en dehors de maisons de fous".

Comment ce verbiage pompeux, qui produit "le plus grand encrassement possible des intelligences", a-t-il pu valoir à son auteur tant de notoriété et de pouvoir ? Cette "gloire mensongère, captée, achetée, produit d'un tissu de faussetés", est malgré tout une gloire : les auditeurs se pressent en foule au cours de Hegel. Ils sont environ deux cents, arrivant longtemps à l'avance pour être certains d'avoir une place et de bien entendre, car Hegel ne parle pas très fort et possède surtout un accent souabe à couper au couteau que l'on a du mal, à Berlin, à bien saisir. Il y a là des étudiants et des professeurs, évidemment, mais aussi des médecins, des assureurs, des fonctionnaires, des employés. Par dizaines. Et voilà qu'à la même heure, au cours de Schopenhauer, ils sont cinq.

Schopenhauer croit savoir pourquoi ils sont si nombreux à répéter les mots creux de Hegel. "Le charlatan de la métaphysique"fait l'éloge de l'Etat prussien et le jeu du gouvernement, il a donc aujourd'hui "pour complices intéressés les charlatans de la politique". Tous ces gens aiment se gaver de mots vides, et comme les termes creux ("l'Absolu", "l'Être", "la négation de la négation"...) permettent cette fois de faire carrière, le succès est assuré.

Il l'est même d'autant mieux que cette pensée prétendument nouvelle, en lieu et place de philosophie, reprend tels quels "les grands principes de la religion du pays, que chacun a sucés avec le lait maternel".

Schopenhauer est aux antipodes de tout cela. Allemand de naissance, il est européen de culture et d'esprit. Son père, Floris, grand commerçant de Dresde et de Hambourg, lisait le Times chaque jour, et a envoyé Arthur, à 9 ans, au Havre, pour qu'il apprenne le français chez un confrère et ami. D'ailleurs, s'il a prénommé son fils Arthur, c'est que ce prénom est identique dans la plupart des langues européennes. Schopenhauer ne s'est jamais coulé dans le moule universitaire. Il n'est pas du sérail. Sa détestation envers Hegel s'étend aux professeurs de philosophie et demeure vivace toute sa vie. Vers la fin, il eut cette formule : "Que bientôt les vers doivent ronger mon corps, c'est une pensée que je puis supporter ; mais que les professeurs rongent ma philosophie, cela me donne le frisson !" En outre, cet amoureux du mot juste s'exprime toujours clairement, en styliste qui sait argumenter et convaincre. Enfin, peut-être surtout, ce fils des Lumières est athée, totalement et résolument. Il tient les religions pour des illusions, les prêtres pour ennemis.

Cela ne l'empêche pas de s'intéresser à la mystique, aux saints, aux ascètes et aux renonçants, de se passionner précocement pour les doctrines de l'Inde, de s'enflammer pour le bouddhisme quand les savants vont commencer à le faire connaître. Il est le premier philosophe à mettre les Veda et les Upanishad sur le même plan que Platon et que Kant. Mais, plus que tout, Schopenhauer a le culte de la vérité. Il croit profondément, presque religieusement, en la philosophie. Il est convaincu qu'elle doit parvenir à comprendre l'existence et peut remédier, au moins pour certains, au désordre qui y règne. "La vie est chose malaisée, j'ai pris la résolution de consacrer la mienne à y réfléchir", a-t-il écrit à 23 ans. En un sens, il a tenu parole. Après la mort de son père, pouvant vivre de ses rentes, il a repris des études, a laissé mûrir en lui sa propre philosophie, a passé près de cinq ans à rédiger son œuvre fondamentale, sa pensée unique, et l'a publiée.

Depuis, il attend. Quoi au juste ? Que la vérité soit enfin reconnue, et que soit glorifié celui qui l'a découverte et exprimée, en deux gros volumes, chez Brockhaus. Mais rien ne se passe, personne ne lit, aucun compte rendu ne paraît, la solution du problème de l'existence ne suscite qu'un silence indifférent et, pour Schopenhauer, insupportable. Le cours, qu'il inaugure à Berlin en cette année 1820, revêt donc pour lui une importance capitale. Il croit, naïvement mais intensément, que proclamer la vérité va tout changer. Les auditeurs quitteront certainement le cours de Hegel, qui finira vite par se taire. L'humanité se mettra à comprendre, même les professeurs vont changer d'idées ! Pourtant, au bout d'un semestre, ils ne sont toujours que cinq. Au semestre suivant, le cours n'a pas lieu, faute d'auditeurs. Il en ira de même par la suite. Au bout de deux années, l'annonce disparaît.

Le contrecoup de cet échec est particulièrement rude pour le jeune philosophe. Il a beau demander à l'un de ses amis de surveiller les "endroits où l'on parle (de lui) dans des livres, des journaux, des revues littéraires", rien ne se dit. Il en tombe malade, doit garder le lit plusieurs mois, pour des troubles mal identifiés qui ressemblent à un épisode dépressif. Il se demande s'il est encore à la hauteur de sa propre pensée, s'il pourra poursuivre. Il a le sentiment d'avoir déjà fait son temps, d'avoir perdu tout avenir, sans que personne ait pris conscience de sa valeur. Heureusement, l'homme a de la ressource. Son amertume se transforme vite en sarcasme, et en autoglorification. Après tout, il ne s'adresse qu'à la postérité, non à "la foule des singes".

"Ils n'ont pas daigné m'écouter ; mais le temps qui marche fera tout paraître au grand jour", écrit-il pour se remettre de l'échec de son cours. Il se répète qu'en fait il ne dialogue qu'avec les siècles et ne s'adresse qu'à la postérité. Il vaut mieux, quand même, se le répéter régulièrement. Ce ressassement aide, quand on est aussi seul qu'il peut l'être, durant tant de temps. En fait, cet échec n'existe pas, il s'agit seulement d'un gigantesque malentendu. Schopenhauer n'a qu'une identité, marquée intérieurement du sceau de la victoire. Il note, en 1823, dans son carnet de brouillon secret : "Si, par moments, je me suis senti malheureux, ce fut alors par suite d'une méprise, d'une erreur sur la personne, je me suis pris pour un autre que celui que je suis, et je me lamentais sur les misères de cet autre : par exemple, je me suis pris pour un chargé de cours qui n'est pas promu titulaire de chaire et qui n'a pas d'auditeurs (...) . Je suis celui qui a écrit Le Monde comme volonté et comme représentation et qui a apporté une solution au grand problème de l'existence. (...) C'est celui-là, moi, et qu'est-ce donc qui pourrait inquiéter celui-là dans les années qui lui restent encore à vivre ?"

Rien ne l'inquiète donc plus. Ni ses échecs sentimentaux ni les querelles avec sa mère Johanna, amie de Goethe, romancière à succès dont, en 1831, on édite les œuvres complètes en 24 volumes. Pas même le nombre très faible d'exemplaires de son grand œuvre écoulés en dix ans. Sur un tirage de 800 exemplaires en 1819, l'éditeur en a encore 150 en magasin en 1828, mais un bon nombre a été mis au rebut. Schopenhauer tente encore de se faire connaître comme traducteur, puis finit par renoncer. Il attend, à Francfort, menant sa vie réglée de rentier célibataire, flûte le matin, travail, promenade avec son caniche et baignade dans le Main, quelle que soit la saison. Il attend que la postérité le rejoigne. Et cela dure trente ans ! Trente ans de silence presque total, de 1823 à 1853. "Si j'étais roi, l'ordre que je donnerais le plus souvent et avec le plus d'insistance serait celui-ci : "Laissez-moi seul !"" Pour donner cet ordre, il lui a suffi de développer sa pensée. Elle a tout, en effet, pour faire le vide autour de lui.

Dans un siècle marqué par le triomphe de l'histoire, les contrecoups de la Révolution française et la montée des révoltes, Schopenhauer est bien le seul à proclamer avec tant de force qu'il n'y a rien à attendre des événements. La condition humaine, à ses yeux, est toujours continûment la même. Quelle que soit l'époque, l'humanité est confrontée aux mirages du bonheur et aux réalités de la souffrance. "La race humaine est une fois pour toutes et par nature vouée à la souffrance et à la ruine." Voilà le secret de l'existence, qui n'est pas vraiment joyeux. Nos aspirations, nos raisonnements, nos créations sont traversés par une force qui nous échappe, la Volonté, qui agit en nous comme dans la Nature, y compris dans la matière inanimée. Tout ce que veut la vie, c'est se poursuivre, persister. La volonté singulière d'un individu n'a qu'une existence illusoire, elle est de toutes parts immergée dans le jeu infini et absurde d'une réalité qui la dépasse et finit par la détruire.

Difficile, en apparence, de devenir populaire quand on professe un pessimisme aussi noir que celui de Schopenhauer. A ses yeux, l'Enfer de Dante n'est rien d'autre que l'existence telle que nous la connaissons, bien que nous fassions tout pour mentir et oublier. "Les efforts sans trêve pour bannir la souffrance n'ont d'autre résultat que d'en changer la figure." Ou encore : "Aujourd'hui est mauvais, et chaque jour sera plus mauvais, jusqu'à ce que le pire arrive." Malgré tout, cette pensée caustique, solitaire et parfois farouche, orpheline de toute consolation divine, finit par rencontrer, dans l'Europe des années 1850, un écho qui ira grandissant jusqu'à la fin du siècle. Schopenhauer devient l'éducateur de la modernité, au point que pratiquement tous les créateurs, à la charnière du XIXe et du XXe siècle, portent l'empreinte de Schopenhauer, de Proust à Kandinski, de Strindberg à Dürrenmatt, de Maupassant à Nietzsche, de Wagner à Kafka. Peut-être n'y a-t-il aucun philosophe qui ait exercé sur la vie artistique et culturelle une influence si profonde et si durable. Que lit, à Londres, en 1916, un comédien obscur du nom de Charlie Chaplin, qui s'en trouve bouleversé ? Le Monde comme volonté et comme représentation.

A la fin de sa vie, le philosophe assiste, mi-ému et mi-moqueur, au commencement de ce triomphe : portraits, bustes, visites, études. Voilà qu'on donne des cours sur sa pensée, alors que Hegel a de moins en moins de disciples... Est-il heureux ? Ce serait étrange, de la part de celui qui soutient qu'"une vie heureuse est une contradiction dans les termes". A l'un de ses visiteurs, il déclare : "Je me sens étrange, avec mon actuelle gloire. Il vous est certainement déjà arrivé de voir, avant une représentation théâtrale, un lampiste encore occupé à la rampe, présent au moment où la salle devient obscure, et disparaissant rapidement dans les coulisses - à ce moment où se lève le rideau. Voilà ce que je ressens être, un attardé, un survivant, alors qu'on donne déjà la comédie de ma gloire." Il rejoint les coulisses le 21 septembre 1860. Depuis, la pièce continue.

En savoir plus

- Pour une première découverte, on se reportera au Schopenhauer de Didier Raymond (Seuil, "Ecrivains de toujours", rééd. 1995)

- La biographie la plus complète est celle de Rüdiger Safranski, Schopenhauer et les années folles de la philosophie (PUF, "Perspectives critiques", 1990)

- L'œuvre maîtresse de Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, est disponible en traduction française aux Presses universitaires de France.

- Une bonne traduction française de sa Correspondance complète a été publiée en 1996 aux éditions Alive.

Source : http://www.lemonde.fr

mercredi 6 juillet 2011

Faire la pluie et le beau temps

Emission de Télématin : les russes connaissent et utilisent cette technique d'épandage pour maîtriser le climat


Modification du climat en Russie ! par ActuChem

mardi 5 juillet 2011

Arthur Schopenhauer (Thèse de doctorat) (2)

Ce texte de jeunesse est présenté par Schopenhauer dans son oeuvre majeure, "Le monde comme volonté et représentation", comme un pré-requis. Il y fait allusion souvent. Expliquant qu'il ne compte pas revenir sur ce qu'il a déjà expliqué ici. Cela prouve a quel point il est conscient et certain d'avoir trouvé une/la vérité
"DE LA QUADRUPLE RACINE 
DU PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE"

CHAPITRE PREMIER

INTRODUCTION


§ 1. LA MÉTHODE.

Platon le divin et l'étonnant Kant recommandent,d'une voix unanime et impérieuse, la règle suivante comme méthode pour toute discussion philosophique, pour toute connaissance même(1) Il faut, disent-ils, satisfaire à deux lois, celle de l'homogénéité et celle de la spécification, à toutes les deux dans la même mesure et non pas à l'une seulement au détriment de l'autre.

La loi de l'homogénéité nous enseigne, par l'étude attentive des ressemblances et des concordances, à concevoir les espèces, à grouper celles-ci en genres et ces derniers en familles , jusqu'à ce que nous arrivions à la notion suprême qui comprend tout.

Cette loi étant transcendantale, et essentielle à notre raison, présuppose sa concordance avec la nature ; c'est ce qu'exprime cet ancien précepte : «Entia praeter necessitatem non esse multiplicanda.» — Par contre, Kant énonce ainsi la loi de la spécification : «Entium varietates non temere esse minuendas.

Celle-ci exige que nous séparions scrupuleusement les genres groupés dans la vaste notion de famille, de même que les espèces supérieures et inférieures, comprises dans ces genres ; elle nous impose d'éviter avec soin les sauts brusques et surtout de ne pas faire entrer directement quelque espèce dernière, et à plus forte raison quelque individu, dans la notion de famille; car toute notion est susceptible d'être encore subdivisée en notions inférieures, et aucune ne descend jusqu'à l'intuition pure.

Kant enseigne que ces deux lois sont des principes transcendants de la raison et qu'elles réclament à priori l'accord avec les choses : Platon semble énoncer, à sa façon, la même proposition quand il dit que ces règles auxquelles toute science doit son origine nous ont été jetées par les dieux du haut de leur siège, en même temps que le feu de Prométhée.

§ 2. SON APPLICATION dans le cas PRESENT.

Malgré d'aussi puissantes recommandations, la seconde de ces lois a été, selon moi, trop peu appliquée à un principe fondamental de toute connaissance, au principe de la raison suffisante. En effet, quoiqu'on l'ait dès longtemps et souvent énoncé d'une manière générale, on a négligé de séparer convenablement ses applications éminemment différentes, dans chacune desquelles il adopte une autre signification, et qui montrent par là qu'il prend sa source dans des facultés intellectuelles distinctes.

Or, si l'on compare la philosophie de Kant avec toutes les doctrines antérieures, on peut se convaincre que c'est surtout dans l'étude des facultés intellectuelles que l'application du principe de l'homogénéité, lorsqu'on a négligé d'appliquer en même temps le principe opposé, a produit de nombreuses et longues erreurs ; et que c'est par contre en appliquant la loi de spécification que l'on a obtenu les progrès les plus grands et les plus importants.

Que l'on me permette donc, car cela donnera de l'autorité au sujet que je me propose de traiter, de citer ici un passage où Kant recommande d'appliquer aux sources de nos connaissances le principe de la spécification.

Il est la plus haute importance, dit-il, d'isoler les connaissances qui, par leur nature et leur origine, diffèrent entre elles, et de se bien garder de les laisser se confondre avec d'autres connaissances auxquelles elles sont jointes d'ordinaire dans la pratique.

Ainsi que procède le chimiste pour l'analyse de la matière, ou le mathématicien pour l'étude des mathématiques pures; ainsi, et plus rigoureusement encore, doit procéder le philosophe pour pouvoir déterminer sûrement la valeur et l'influence qui appartiennent en propre à telle ou telle espèce particulière de connaissance, dans l'emploi vague de l'entendement. (Critique de la raison pure, Etude de la méthode, 3e div. pr. (2))

§ 3. Utilité de cet examen.

Si je réussis à démontrer que le principe qui fait l'objet de cette étude découle dès l'abord de plusieurs connaissances fondamentales de notre esprit et non directement d'une seule, il en résultera que le principe de nécessité qu'il emporte avec soi comme principe établi priori ne sera pas non plus unique et partout le même, mais qu'il sera aussi multiple que les sources du principe lui-même.

Cela étant, quand on voudra baser une conclusion sur ce principe, l'on sera tenu de spécifier bien exactement sur laquelle des diverses nécessités, formant la base du principe, la conclusion s'appuie, et de désigner cette nécessité par un nom spécial, comme je vais en proposer plus loin. Les discussions philosophiques y gagneront, je l'espère, en netteté et en précision ; pour ma part, je considère qu'en philosophie la plus grande clarté possible, cette clarté que l'on ne peut obtenir que par la détermination rigoureuse de chaque expression, est la condition impérieusement exigée pour éviter toute erreur et tout risque d'être trompé avec préméditation : ainsi seulement, toute connaissance acquise dans le domaine de la philosophie deviendra notre propriété assurée.

En général, le véritable philosophe s'efforcera sans cesse d'être clair et précis ; il cherchera toujours à ressembler non pas à un torrent qui descend des montagnes, trouble et impétueux, mais plutôt à un de ces lacs de la Suisse, très profonds, auxquels leur calme donne une grande limpidité et dont la profondeur est rendue visible par cette limpidité. «La clarté est la bonne foi des philosophes,» a dit Vauvenargues.

Le faux philosophe, au contraire, ne cherche pas, selon la maxime de Talleyrand, à employer les mots pour dissimuler ses pensées, mais bien pour couvrir,le manque de pensées : il rend responsable l'intelligence du lecteur, quand celui-ci ne comprend pas des philosophèmes dont l'incompréhensibilité ne provient que de l'obscurité des propres pensées de l'auteur. Ceci explique pourquoi certains ouvrages, ceux de Schelling par exemple, passent si souvent du ton de l'enseignement à celui de l'invective : on y tance par anticipation le lecteur pour son ineptie.

§ 4. IMPORTANCE DU principe de LA RAISON suffisante.

Cette importance est immense ; on peut dire que ce principe est-la base de toute science. Car on entend par science un système de connaissances, c'est-à-dire un ensemble composé de connaissances qui s'enchaînent les unes aux autres, par opposition à un simple agrégat. Mais qu'est-ce qui relie entre eux les membres d'un système, si ce n'est le principe de la raison suffisante? Ce qui distingue précisément toute science d'un simple agrégat, c'est que chaque connaissance y dérive d'une connaissance antérieure, comme de son principe. [citation en grecque de Platon].

En outre, presque toutes les sciences renferment des notions de causes dont on détermine les effets, et d'autres notions sur la nécessité des conséquences, qui découlent d'un principe, ainsi que nous le verrons dans le cours de cette étude [citation d'Aristote en Latin] Or, comme nous avons admis à priori que tout a une raison d'être qui nous autorise à chercher partout le pourquoi, on peut dire à bon droit que le pourquoi est la source de toute science.

§ 5. DU PRINCIPE LUI-MÊME.

Nous montrerons plus loin que le principe de la raison suffisante est une expression commune à plusieurs connaissances' données à priori. Néanmoins, il faut bien pour le moment le formuler d'une manière quelconque. Je choisis la formule de Wolf, comme étant la plus générale : «Nihil est sine ratione cur potius sit, quam non sit.»
Rien n'est sans une raison d'être(3).

(1) Platon, Phileb., p. 219-223. Polit., 62, 63; Phoedr., 361-363, éd. Bipont. — Kant, Critique de la raison pure, annexe à la dialect. transc.
(2) «afin de pouvoir déterminer sûrement la part de chaque espèce de connaissance, a l'usage vagabond de l'entendement, sa valeur propre et son influence.» Crit. de la R. P., traduction de M. Tissot. Voir tome II, p. 542. (Paris, Ladrange, 1845.) qu'aucun malentendu, aucune équivoque, découverts parla suite, ne pourront plus venir nous arracher.
(3) J'ai traduit littéralement la version libre de Schopenhauer : «Nichts ist ohne Grund warum es sei.»


Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5400813b

lundi 4 juillet 2011

A la recherche du créateur


1 _3 voyage dans l'espace temps... par grandeetoile


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Arthur Schopenhauer (Thèse de doctorat) (1)


Ce texte de jeunesse est présenté par Schopenhauer dans son oeuvre majeure, "Le monde comme volonté et représentation", comme un pré-requis. Il y fait allusion souvent. Expliquant qu'il ne compte pas revenir sur ce qu'il a déjà expliqué ici. Cela prouve a quel point il est conscient et certain d'avoir trouvé une/la vérité

Préface de la seconde édition de 

"DE LA QUADRUPLE RACINE 
DU PRINCIPE DE LA RAISON SUFFISANTE"


Cette dissertation de philosophie élémentaire a paru pour la première fois en 1813, sous forme de thèse pour mon doctorat ; plus tard, elle est devenue le fondement de tout mon système. Aussi faut-il qu'elle ne soit jamais épuisée dans le commerce, comme c'est le cas, à mon insu, depuis quatre ans.

Mais il me semblerait impardonnable de lancer encore une fois dans le monde cette oeuvre de ma jeunesse, avec toutes ses taches et tous ses défauts. Car je songe que le moment ne saurait être bien loin où je ne pourrai plus rien corriger; c'est précisément avec ce moment que commencera la période de ma véritable influence, et je me console par l'espoir que la durée en sera longue; car j'ai foi dans la promesse de Sénèque : «Etiamsi omnibus tecum viventibus silentium livor indixerit, venient qui sine offensa sine gratia judicent» (Ep. 79).

J'ai donc corrigé, autant que faire se pouvait, le présent travail de ma jeunesse, et, vu la brièveté et l'incertitude de la vie, je dois m'estimer particulièrement heureux qu'il m'ait été donné de pouvoir réviser dans ma soixantième année ce que j'avais écrit dans ma vingt-sixième.

J'ai voulu néanmoins être très indulgent pour mon jeune homme et, autant que possible, lui laisser la parole et même lui laisser tout dire. Cependant, quand il avance quelque chose d'inexact ou de superflu, ou bien encore quand il omet ce qu'il y avait de meilleur à dire, j'ai bien été obligé de lui couper la parole, et cela est arrivé assez fréquemment ; tellement, que plus d'un lecteur éprouvera le même sentiment que si un vieillard lisait à haute voix le livre d'un jeune homme, en s'interrompant souvent pour émettre ses propres considérations sur le sujet.

On comprendra facilement qu'un ouvrage ainsi corrigé et après un intervalle aussi long, n'a pu acquérir cette unité et cette homogénéité qui n'appartiennent qu'à ce qui est coulé d'un jet. On sentira déjà dans le style et dans la manière d'exposer une différence si manifeste, que le lecteur doué d'un peu de tact ne sera jamais dans le doute si c'est le jeune ou le vieux qu'il entend parler.

Car, certes, il y a loin du ton doux et modeste du jeune homme qui expose ses idées avec confiance, étant assez-simple pour croire très sérieusement que tous ceux qui s'occupent de philosophie ne poursuivent que la vérité, et qu'en conséquence quiconque travaille à faire progresser celle-ci ne peut qu'être le bien venu auprès d'eux; il y a loin, dis-je, de cet on à la voix décidée, mais parfois aussi quelque peu rude, du vieillard qui a bien dû finir par comprendre dans quelle noble compagnie de chevaliers d'industrie et de plats et serviles courtisans il s'est fourvoyé, et quels sont leurs véritables desseins.

Oui, le lecteur équitable ne saurait me blâmer quand parfois l'indignation me jaillit par tous les pores; le résultat n'a-t-il pas démontré ce qui advient quand, n'ayant à la bouche que la recherche de la vérité, on n'est constamment occupé qu'à deviner les intentions des supérieurs les plus haut placés, et quand aussi, d'autre part, étendant aux grands philosophes le «e quovis ligno fit Mercurius», un lourd charlatan comme Hegel arrive, lui aussi, à passer tout bonnement pour un grand philosophe.

Et, en vérité, la philosophie allemande est couverte aujourd'hui de mépris, bafouée par l'étranger, repoussée du milieu des sciences honnêtes, comme une fille publique qui, pour un vil salaire, s'est donnée hier à celui-là, aujourd'hui à un autre ; les cervelles des savants de la génération actuelle sont désorganisées par les absurdités d'un Hegel : incapables de penser, grossiers et pris de vertige, ils deviennent la proie du vil matérialisme qui a éclos de l'oeuf du basilic. — Bonne chance à eux! — Moi, je retourne à mon sujet.

Il faut donc que le lecteur prenne son parti de la disparité de ton ; car je n'ai pas pu ajouter ici, en supplément séparé, les additions ultérieures, comme je l'ai fait pour mon.grand ouvrage.

Ce qui importe, ce n'est pas que l'on sache ce que j'ai écrit à vingt-six ou à soixante ans, mais que ceux qui veulent s'orienter, se fortifier et voir clair dans les principes fondamentaux de toute philosophie, trouvent, même dans ces quelques feuilles, un opuscule où ils puissent apprendre quelque chose de solide et de vrai : et ce sera le cas, je l'espère.

Par le développement que j'ai donné à certaines parties, l'ouvrage est même devenu une théorie résumée de toutes les facultés de l'intelligence ; cet abrégé, tout en n'ayant pour objet que le principe de la raison, expose la matière par un côté neuf et tout à fait particulier, et trouve ensuite son complément dans le 1er livre de mon ouvrage Le monde comme volonté et représentation, dans les chapitres du 2° volume qui se rapportent à ce sujet, et dans la Critique de la philosophie kantienne.

Arthur SCHOPENHAUER.
Francfort-sur-le-Mein, septembre 1847.


Source : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5400813b